Tatiana Maurey
céramique
Le réveil de salamandre
Conte post-anthropocène
Travail de CFC blanc
2023
A l’aube du nouveau printemps, la Salamandre se réveille dans son berceau. La vallée est recouverte de roches, les dernières neiges ont disparu.
Les cris ont enfin cessé ; la montagne marque un profond silence.
La créature mythique se lève doucement de son lit de pierres, souvenir d’un glacier perdu. Elle descend lentement la vallée et sous ses pas, la rivière refait surface.
Dans une traînée luxuriante, l’écosystème renaît.
Au loin, elle aperçoit le désert laissé par l’humanité.
Bientôt, elle foule le sable, une terre devenue inerte, vestige d’une espèce déchue. Témoin de leur déclin fulgurant, la Salamandre se remémore le fatalisme ayant poussé cette civilisation à sa perte.
Le feu a cessé, et la rivière peut s’écouler à nouveau.
Les racines de la forêt, enfouies, rejoignent la source miraculeuse.
Alors que jonchent au sol les ossements de l’Homo Consumericus, le végétal revit dans les bruissements de la faune qui s’active.
La Salamandre a attendu longtemps ce moment.
D’un regard sans haine, elle observe, songeuse, le chemin qui l’attend.
Dans le cadre de notre projet de CFC blanc, il nous a été demandé de composer avec la thématique de l’eau.
La Suisse fait partie des pays privilégiés où l’accès à l’eau n’apparaît pas encore comme une problématique imminente. La prise de conscience des citoyen.ne.s est lente. Pourtant, la situation mondiale nous montre que cette question est alarmante et nous rattrapera inévitablement.
La ressource précieuse et essentielle qu’est l’eau, cristallise aujourd’hui l’incapacité de l’humain à s’unifier pour préserver un équilibre, tant sociétal, qu’environnemental.
Influencée par ce contexte, j’ai voulu illustrer un conte dystopique qui se déroulerait après la disparition de l’espèce humaine dans un monde post-anthropocène.
Par le genre du conte, je souhaite dépeindre une nouvelle ère où la cupidité humaine l’aurait poussé à l’extinction, laissant place à la nature de reprendre ses droits sur cette terre devenue désertique.
Ce rééquilibrage est symbolisé par une apparition mystique, une incarnation de la nature qui se régénère, née au creux d’un ancien glacier. Elle prend la forme d’une salamandre gigantesque aux couleurs célestes qui sous ses pas amène à nouveau l’abondance.
Le conte se présente sous la forme d’une petite scène, une sculpture composée de plusieurs éléments. A la manière des miniatures, le décor de cette histoire est de forme rectangulaire, comme un fragment de paysage que l’on aurait découpé d’un plus grand ensemble.
